Dans l'article Définition nous avons développé le raisonnement conduisant au montant de l'AU, et à sa composition en deux types de politique économique. La politique monétaire réalise la distribution monétaire (20% de l'AU) de façon égalitaire, tandis que la politique budgétaire gère notamment la redistribution (80% de l'AU). Le montant total de l'AU représentant environ 1.200 euros net par mois dans des pays de même niveau de développement que la France. Le tableau suivant résume ces résultats :
Politique monétaire | Politique budgétaire |
---|---|
AU distributive (AUD) | AU redistributive (AUR) |
création monétaire par habitant | 50% du revenu médian |
Δ M / N | Ym / 2 (*) |
200 euros/mois | 950 euros/mois |
TOTAL : 1.150 euros/mois (France, Belgique, ... 2019) |
(*) Le revenu médian est souvent utilisé pour déterminer le seuil de pauvreté : est considérée comme pauvre toute personne dont les revenus (généralement uniquement composés du salaire) sont inférieurs à x % du revenu médian national. Selon nous x doit être égal à 50% en vertu du principe de symétrie.
Le financement distributif est opéré au début du processus productif et via la politique monétaire, tandis que le financement redistributif est opéré au bouclage du processus productif et via la politique fiscale.
Distributif | Redistributif | |
---|---|---|
/ Production | Antérieur au processus de production | Postérieur au processus de production |
Politique | Monétaire | Fiscale |
Principe | Politique monétaire symétrique : la monnaie devrait être créée à taux constant (déterminé par la formule de la théorie relative de la monnaie) et distribuée également et gratuitement entre les seules personnes physiques. |
Écart de richesse optimal : l'écart de richesse maximal observé est considéré comme "optimal" tant qu'il est compatible avec le financement du modèle synthétique d'allocation universelle, qui permet à chaque individu de subvenir à ses besoins primaires (se nourrir, se vêtir et se loger) sans devoir travailler. |
Par "processus productif" nous entendons ici la nature cyclique du processus de développement économique, qui se réalise par boucles rétroactives (cf. graphique ci-dessous) et à volume croissant (pour approfondir ces notions voir notre article sur le développement durable).
Politique budgétaire = politique fiscale + politique de développement (industrie, enseignement, recherche, infrastructures, ...)
Économie mixte. Ce processus économique de l'AU prend son sens dans une économie mixte (cf. democratiedirecte.net/entreprise-publique) où les entreprises (100%) publiques représentent une part nettement plus importante du PIB qu'actuellement, et son gérées sous statut de coopératives publiques (cf. democratiedirecte.net/cooperative). C'est dans le cadre de cette économie mixte que pourront prospérer les PME, dont les petits indépendants.
Le montant et la dynamique de l'AU étant définis voyons maintenant les modes de financement de ses deux composantes.
Comme illustré dans le schéma ci-dessus du cycle économique, le financement distributif de l'AU (AUD ≈ 20% de AU) est opéré antérieurement au processus productif, en distribuant également et gratuitement la création monétaire entre tous les citoyens, la création monétaire étant dorénavant créée à taux relativement constant, seulement fonction de l'espérance de vie et du taux de croissance de la population de la zone monétaire, selon la formule suivante :
AUD = ΔM / N = ( v 1/v -1 ) * Mt-1 / Nt où :
Nous avons donc que AUD = ( 82 1/82 -1 ) * 15.500 / 0,342 ≈ 2.500 euros/ans ≈ 200 euros/mois en zone euro en 2018.
La proposition/découverte du taux de croissance universel de la monnaie par l'ingénieur Stéphane Laborde en 2011 dans sa "théorie relative de la monnaie" (TRM) apporte une solution à la situation actuelle caractérisée par des politiques monétaires arbitraires aux motivations souvent occultes et douteuses, qui ne sont pas étrangères à l'instabilité monétaire (dont les bulles spéculatives) qu'elles sont supposées neutraliser.
Pas de création monétaire supplémentaire. Actuellement la monnaie est créée par les banques et distribuée par elles de façon arbitraire à des personnes physiques comme morales, via des crédits avec intérêts (donc remboursables et payants). Dorénavant la monnaie créée serait distribuée gratuitement et à parts égales entre les citoyens (donc uniquement à des personnes physiques). Ce seraient alors uniquement ceux-ci qui par leur consommation détermineraient désormais ce qui doit être produit, les banques perdant le pouvoir d'orienter la production via la part de la création monétaire allouée par elles aux entreprises (PS : les banques conservent cependant leur fonction d'intermédiaire entre prêteurs et emprunteurs, mais perdent le pouvoir de création et allocation monétaire, ce qui implique que leur coefficient de réserve doit être de 100% des crédits).
Comme illustré dans le schéma supra du cycle économique, le financement redistributif de l'AU (AUR ≈ 80% de AU) est opéré postérieurement au processus productif, au moyen de l'impôt universel (noté T dans les formules ci-dessous).
Notre modèle synthétique d'AU repose sur une implémentation progressive de l'AUR :
d'abord en version différentielle, qui est assez proche de l'actuel système du revenu minimum garanti (RMG, notre dénomination standard) ;
ensuite (après une dizaine d'années) passage à la version additive, ce qui a pour effet :
Le modèle est alors formalisé par le système d'équations suivant :
Mode "différentiel-revenu" (dr) dans nos simulations.
où :
Une conjecture est donc posée : la période de transition aura pour effet de booster le PIB/hab de façon récurrente de sorte que la formule du taux d'imposition universel demeura valable pour financer le surplus AUR additive - AUR différentielle > 0 (dans la formule, T est fonction croissante du PIB/hab).
Nous avons donc que, en phase de croisière :
AU = AUD + AUR
= ( v 1/v -1 ) * Mt-1 / Nt + Ym / 2 (6)
Le graphique suivant correspond aux équations n_Yd=AUD+Yb*(1-T)+AUR et n_AUR=SI((AUD+Yn)*R : revenu disponible Yd en fonction du revenu brut Yb, et revenu minimum garanti par l'AU. Il montre que grâce à l'AU ceux qui n'ont aucun revenu brut obtiennent un revenu disponible d'environ 1.200 euros/mois (France, 2018), et qu'au-delà d'un certain niveau de revenu (déterminé par les lignes hachurées), le revenu disponible devient inférieur au revenu brut (la courbe bleue passe en dessous de la diagonale Yd = Yb ). C'est l'effet de la politique fiscale redistributive : à gauche du point d'intersection les "bénéficiaires nets", et à droite les "contributeurs nets".
À noter que le revenu médian en France est d'environ 1850 euros/mois (2017) de sorte que, dans le graphique ci-dessus, une majorité de la population est bénéficiaire nette du système.
Réforme fiscale. Le graphique suivant correspond à l'équation n_T=1-(1+Yb*0,5/PIB/hab)^(-AU/PIB/hab), qui détermine le taux d'imposition universel (TIU) correspondant à chaque niveau de revenu. Il montre que la structure du taux d'imposition universel (courbe verte) accroît l'effet redistributif de l'impôt progressif, actuellement calculé sur base d'arbitraires "taux marginaux", dont le principe, mal compris par une grande majorité de la population, est en outre loin de favoriser la transparence et les anticipations rationnelles.
AUD : rationalisation. Le virement mensuel ou annuel de Δ Mt / Nt à chaque citoyen par la Banque centrale ne pose pas de problèmes particuliers. Ce peut en outre être l'occasion de procéder à la nationalisation du secteur bancaire.
AUR : un "déjà là". L'AUR est déjà partiellement en place dans de nombreux pays où le mode "différentiel-revenu" est celui du revenu minimum garanti (RMG) actuellement en vigueur. Pour en faire une AU telle que définie par le modèle synthétique (cf. article "Définition") il reste donc à :
Pour approfondir la mise en application pratique de l'AU les gouvernements sont invités à lire l'article Implémentation.
La synthèse en vidéo (10m18s - 2019)
Sections de la vidéo :
0m12s : Integration
0m48s : AU = AU distributive + AU redistributive
1m42s : Dynamique économique
2m45s : AU distributive
4m45s : AU redistributive
5m22s : Analyse mathématique
9m27s : Taux d'imposition universel
11m2s : AU redistributive : différentielle puis additive
12m28s : Trappe à inactivité
Approfondir :
Une publication de François Jortay