Dans l'état actuel de mes recherches, je ne puis affirmer avec certitude qu'une allocation universelle d'un montant permettant de vivre (chichement) sans devoir travailler est faisable, ni même souhaitable. Cependant, il est évident que cette voie est très prometteuse, ne serait-ce que parce que mener une réflexion approfondie sur la façon de réaliser le partage du pouvoir financier, et sur ce que cette réalisation impliquerait, est une méthode très efficace pour comprendre et améliorer les systèmes économiques, quels qu'ils soient. En l'occurrence, il s'agit de proposer un référentiel idéalisé, fondé sur une définition radicale/ambitieuse de l'AU.
Dans les sections suivantes de cette introduction, je vais tenter de présenter les grandes lignes de la problématique de l'AU, et de mes propositions dans ce domaine (modèle synthétique de l'AU).
L'évolution des modes de production vers plus de robotisation implique la transformation de la sécurité sociale vers la l'allocation universelle (AU). En effet, le progrès scientifique a toujours eu pour effet (d'amplitude croissante...) de rendre obsolètes certains types de travail, tout en en créant de nouveaux. Cependant, étant donné qu'il est très difficile de se reconvertir professionnellement sans perte importante de revenu, il importe d'avoir un système de sécurité sociale, pour neutraliser les effets pervers des transitions technologiques sur les personnes déclassées.
Avant l'intelligence artificielle, les révolutions technologiques ne réduisaient pas la création nette l'emploi, dans la mesure où elles substituaient du travail intellectuel à du travail manuel. Avec l'IA, cet effet de compensation n'existe plus puisque même le travail intellectuel est devenu robotisable. En outre, et abstraction faite de ces phénomènes, les travailleurs déclassés ne sont généralement pas les mêmes que ceux (généralement plus jeunes) qui trouvent du travail dans les nouvelles technologies, de sorte qu'un système de sécurité sociale a toujours été nécessaire pour adoucir les transitions technologiques.
Notre allocation universelle (dite du modèle synthétique) vaut la moitié du PIB/hab, soit 1.600 euros net par mois en France en 2022. Ce montant permet de vivre (chichement) sans devoir travailler. Nombreux seront celles et ceux qui continueront néanmoins de travailler (sans doute moins) pour s'offrir une vie luxueuse, entretenir des relations sociales, ou encore développer et mettre en valeur leurs compétences en développant leur propre entreprise. Et dans le cas où l'offre de travail ne serait pas malgré tout suffisante, un service civil pourrait être envisagé.
Les concepts d'allocation universelle (AU), revenu universel, revenu de base ou encore salaire à vie ont en commun le principe de revenu minimum garanti (RMG), mais de façon inconditionnelle. Ce sont donc tous des systèmes de financement inconditionnel des citoyens (SFIC)
Le RMG est déjà en application dans de nombreux pays (sous différents noms, RMG étant notre dénomination standard). Il peut être vu comme une étape vers l'AU. Pour ce faire, il reste à (i) automatiser et universaliser ("inconditionnaliser") son allocation, (ii) augmenter son montant jusqu'à un niveau permettant de vivre (chichement) sans devoir travailler, soit au moins le niveau minimum de l'allocation de chômage (que l'AU remplacera). Nous allons plus loin, en basant nos travaux sur une AU égale à la moitié du PIB/hab.
Il s'agit non seulement d'éradiquer la pauvreté (dont l'exploitation salariale), mais aussi de donner à chacun la possibilité de construire librement un projet de vie productive.
L'effet de l'AU sur la composition qualitative de la production est fondamental. Avec l'AU, la décision de ce qui est de la valeur, ne serait alors plus le monopole du marché et de l'État (ou plus exactement des forces qui les contrôlent). Chaque individu aurait la possibilité de se consacrer à la production de valeur(s) qu'il considère comme importante(s). Le marché et l'État ne perdront pas pour autant la force de travail dont ils ont besoin, car nombreux seront celles et ceux qui voudront élever leur niveau de vie au-dessus de ce que leur permet l'AU (PS : la rentabilité financière des activités librement choisies grâce à l'AU n'est pas nécessairement suffisante pour atteindre le niveau de vie souhaité).
Cette évolution s'inscrira dans une adaptation du système socio-fiscal au contexte économique, social et technologique du 21° siècle. Il s'agit notamment de : (i) neutraliser l'effet de trappe à inactivité (cf. /securite-sociale-actuelle#trappe-inactivite) ; (ii) résoudre la problématique des pensions ; (iii) simplifier le système socio-fiscal ; (iv) égaliser (vers le haut) le statut des indépendants avec celui des salariés ; (v) déstigmatiser les ayants droits à l'aide sociale ; (vi) résoudre le non exercice du droit aux aides sociales ; (vii) limiter les écarts de richesse.
Notre modèle d'AU est appelé "synthétique" parce qu'il repose sur l'analyse des modèles libéral (le plus médiatisé) et collectiviste (quasiment ignoré par les médias et la communauté scientifique).
L'originalité majeure du modèle synthétique consiste en la structuration du financement de l'AU en deux pôles complémentaires :
Les phénomènes économiques étant complexes il n'est pas facile de prévoir quels seront effectivement les effets supposés de l'AU. La problématique est donc autant scientifique que politique, et relève du tâtonnement. Trois grandes inconnues concernent l'effet induit de l'AU sur :
Dès lors qu'il est très difficile voire impossible de simuler expérimentalement les multiples effets de l'AU, il en résulte que son introduction ne pourra être que progressive. Pour ce faire nous proposons un plan d'implémentation de l'AU : /implementation.
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Une publication de François Jortay